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Assises 2017 public
Discours introductif
DISCOURS INTRODUCTIF AUX 4e ASSISES NATIONALES DES DAC

9 et 10 Mars 2017 – STRASBOURG

Frédéric LAFOND – Président de la FNADAC

 

Monsieur le Maire de la Ville Strasbourg,

Monsieur le 1er adjoint de la Ville de Strasbourg en charge de la culture et du patrimoine,

Monsieur le Président de la Région Grand Est, et Président de l’Assemblée des Régions de France

Monsieur le président de la commission culture de la Région Grand Est et président de l’Agence culturelle d’Alsace,

Monsieur le président du conseil départemental du Bas Rhin

Madame la Directrice régionale des Affaires culturelles, représentante de Mme la Ministre de la culture et de la communication,

Mesdames, Messieurs les représentants du Ministère de la Culture et de la communication,

Mesdames, Messieurs les élus,

Mesdames, Messieurs les représentants des réseaux de professionnels des collectivités

Mesdames, Messieurs les représentants des réseaux professionnels du monde des arts et de la culture,

Mesdames, Messieurs, les Directrices et Directeurs des affaires culturelles,

 

Je vous souhaite la bienvenue aux 4emes assises nationales des Directrices et directeurs des affaires culturelles, et je vous remercie d’être venus nombreux travailler ensemble pendant ces deux jours à Strasbourg.

C’est un réel plaisir et un honneur pour la FNADAC et nos partenaires de vous voir aussi nombreux. (plus de 450 participants venus de toute la France)

Je vous propose quelques minutes introductives :

– pour signifier à travers les remerciements notre souci de la coopération,

– pour rappeler les missions de notre fédération,

– enfin pour une présentation de la problématique qui nous rassemble et de la méthode de travail que nous vous proposons.

 

*

 

A travers les remerciements qui suivent, il y a davantage qu’une simple liste plus ou moins hiérarchisée de partenaires, il y a plus qu’un principe d’usage, plus que des enjeux de représentations.

Il y a l’affirmation d’une volonté commune de rassemblement, de dialogue, de partage d’idées et de pratiques.

Il y a une sincérité d’engagement,

Il y a une envie de coopération,

Il y a la nécessité de la relation pour partager nos convictions, nos missions, nos méthodes, nos questionnements et parfois nos doutes.

Chacun ici porte des héritages dont nous pouvons nous honorer, mais aussi des expériences nouvelles à valoriser.

Aussi pour toutes ces raisons, je tiens à remercier les représentants du territoire et les partenaires qui nous permettent, qui vous permettent d’être accueillis dans de très bonnes conditions.

La Ville de Strasbourg :

Monsieur le Maire de la Ville de Strasbourg (M. Riès)

Monsieur le Premier Adjoint de la Ville de Strasbourg en charge de la culture et du patrimoine, (M. Fontanel),

 

Nous souhaitions inscrire nos assises dans un territoire convaincu de l’importance du fait culturel comme fait de société qui a mis la culture au cœur de son projet politique. Nous avons trouvé ici une ambition forte qui nous l’espérons sera contagieuse.

Monsieur le Directeur, Monsieur Dubois et les équipes administratives et technique de la Cité de la musique et de la Danse, mais aussi les professeurs et élèves qui nous accueillent dans ce magnifique lieu d’enseignement artistique. Nous bouleversons son fonctionnement mais nous avons décidé qu’il puisse continuer à vivre pendant nos assises.

Merci aux services de la Ville et tout particulièrement aux services de la Direction des Affaires culturelles, de la médiathèque, du musée d’art moderne et contemporain, de l’espace numérique du Shadok qui nous accueillerons pendant deux jours à travers les ateliers nomades et la réception de ce soir.

La Région Grand Est :

Monsieur le Président de la Région Grand Est, et président de l’ARF (M. Richert)

Monsieur le Président de la commission culture de la Région Grand Est (M. Mangin)

Merci de nous ouvrir aussi les portes de l’Hôtel de Région pour notre atelier sur la question de la citoyenneté culturelle européenne.

Je salue l’intelligence collective de ces territoires, cette coopération qui seule, j’y reviendrai plus tard, peut nous amener vers des politiques culturelles publiques durables.

Le conseil départemental du Bas Rhin

Monsieur le Président, du conseil départemental du Bas Rhin

Le Ministère de la culture et de la communication :

Madame la Directrice Régionale des Affaires Culturelles de la Région Grand Est représentante de Madame la Ministre de la culture et de la communication (Mme Anne Mistler)

Madame la cheffe du département de l’action territoriale (Mme Isabelle Chardonnier)

Monsieur l’adjoint au chef du service de la coordination des politiques culturelles et de l’innovation (M. Francis Luttiau)

L’ensemble des membres du cabinet ministériel

Les Directeurs régionaux qui nous ont rejoints ou qui vont nous rejoindre durant ces deux journées.

 

Par ailleurs ces assises n’auraient pas pu voir le jour sans les partenaires opérationnels qui ont œuvrés aux côtés de la FNADAC.

L’Observatoire des Politiques Culturelles

Monsieur le Président de l’OPC, M. Bonnin

Monsieur le) Directeur, Jean Pierre Saez et son équipe

 

L’Agence Culturelle d’Alsace

Monsieur le Président (Pascal Mangin)

Monsieur le Directeur, Francis Gélin et toute son équipe

 

Le Centre National de la Fonction Publique Territoriale :

Son Président du Centre National de la Fonction Publique Territoriale, François Deluga

Le Directeur de l’INSET de Nancy, Jean-Jacques DUFFOURC

Le Responsable du domaine Action culturelle et enseignement artistique du pôle de compétence culture du CNFPT INSET Nancy (Vincent Moreau)

 

Tout au long des assises, le pôle culture du CNFPT vous donne la possibilité de vous exprimer depuis votre smartphone ou votre tablette sur la plateforme : e-communauté culture et territoire.

Je salue également les élèves administrateurs territoriaux de l’INET qui ont réalisé une série d’interviews vidéos auprès de jeunes Strasbourgeois sur leur rapport à la culture, la représentation qu’ils s’en font et leurs pratiques culturelles au quotidien.

Notre partenaire mécène : la banque coopérative Casden dont je salue les représentants nationaux et régionaux

Monsieur le Sous-Directeur du Département de l’Enseignement Supérieur et Recherche / Direction Partenariats et Relations Institutionnels (Lionel Courchinoux)

Je salue la présence de nombreux élus de tous niveaux de collectivités territoriales que nous accompagnons au quotidien pour mettre en œuvre les politiques culturelles de nos territoires.

Mes salutations au Président (Florian Salazar-Martin) et membres de la FNCC. Nous serons présents à votre prochain congrès de St Etienne, les 30 et 31 mars prochain.

Elle est importante cette présence d’élus, elle témoigne de notre souci commun d’un travail renouvelé. Elle témoigne de la nécessite d’une relation intelligente où chacun connaît son rôle et accomplit sa mission en confiance.

Je salue la présence de nombreux représentants des associations professionnels de la Fonction Publique Territoriale marquant ainsi la transversalité de la culture comme un enjeu de développement de nos collectivités (ANDASS, ANDEV,…)

Merci aux directeurs généraux des collectivités d’être présents. Vous êtes les garants de la nécessaire transversalité des politiques publiques où la culture, compétence partagée entre les collectivités peut être un levier de développement de toutes les politiques sectorielles à mettre en œuvre.

Je note aussi la présence de nombreux représentants des réseaux professionnels des arts, des enseignements artistiques, du spectacle vivant mais aussi du tourisme, de l’urbanisme, de l’éducation et du social.

Pour clore cette partie, je souhaite remercier l’ensemble des membres de la FNADAC et des associations qui la constitue et tout particulièrement le comité de pilotage, lequel a permis la réalisation de ces 4emes assises nationales.

 

*

 

Ces deux jours sont le résultat de travaux engagés par chaque association de DAC depuis déjà plusieurs mois, voire de plusieurs années. Le chantier est permanent, nous en montrerons pendant deux jours quelques aspects, quelques témoignages.

Je salue donc tous les Directeurs-trices des Affaires Culturelles, responsables des affaires culturelles et agents des services culturels venus de toute la France à Strasbourg.

Vous vous associerez j’en suis sûr à mon salut tout particulier à nos collègues en provenances des territoires d’Outre-mer, d’Afrique, et même des USA.

*

J’ai cité beaucoup de monde, preuve s’il en est que notre Fédération incarne un rôle d’ensemblier. Alors un mot sur notre Fédération et notre perception des évolutions actuelles.

LA FNADAC est une jeune fédération née en 2011 après les secondes assises nationales de Toulouse.

Permettez-moi de saluer les deux premiers présidents François Deschamps et Véronique Balbo Bonneval présents dans la salle.

Pour rappel, son objet est :

  • D’être l’instance de réflexion sur les questions culturelles entre les régions, départements, agglomérations et communes,

 

  • De faire évoluer la politique culturelle, pour une meilleure prise en compte de la dimension culturelle dans le développement des territoires,

 

  • De faire prendre en compte les questions culturelles par les autres politiques publiques, que ce soit l’aménagement du territoire, le développement économique, l’éducation ou le social,

Etre un interlocuteur auprès des institutions.

 

Elle est composée et riche de toutes les associations nationales et régionales, elles-mêmes riches de tous les niveaux de collectivités, de la plus grande à la plus petite.

Depuis 2011, les DAC se réunissent sous la forme d’assises nationales.

 

A Annecy en 2007 : nous avions travaillés sur le métier de directeur des affaires culturelles.

A Toulouse en 2010 : nous nous étions interrogés sur les nouveaux enjeux territoriaux.

A Saint Denis 2014 la thématique était de questionner les dimensions culturelles du développement des territoires.

 

 

Le métier de DAC a fortement évolué, il a pris en considération des changements importants :

 

– la mutation des champs, des pratiques, des acteurs, des modes de production, de l’économie de la culture provoquant la rencontre des sphères artistique, sociale, économique ;

– les mutations de gouvernances culturelles entre acteurs et publics qui recomposent les systèmes de représentation et de partage de la culture ;

– la mutation territoriale impliquant des nouvelles formes de coopération au sein et entre les collectivités.

– la prise en compte de la transversalité des domaines d’action,

– l’importance accrue de l’exigence managériale et la délicate question de l’évaluation,

– la maîtrise des nouvelles technologies du numérique, des modes de diffusion et de production d’une culture du flux

C’est à dire une politique culturelle qui participe à la réflexion sur la façon :

  • dont on habite la ville ou la campagne,
  • dont on circule,
  • dont on s’approprie les espaces publics,
  • dont on délibère
  • dont on fait circuler le savoir et la connaissance
  • dont on crée de la richesse,
  • dont on s’épanouit personnellement et avec les autres.
  • dont on s’éduque,
  • dont on s’informe …

 

 

C’est une évolution majeure qui nécessite que les élus, les professionnels de la culture, mais aussi des directions générales du développement des territoires, du développement économique, de l’éducation, du social fassent évoluer leur représentation et leur pratique.

Nous devons tous, élus, DAC, acteurs culturels et citoyens comprendre la complexité des enjeux et des transformations à opérer. Nous devons réfléchir à mettre en œuvre un projet culturel capable de répondre aux enjeux sociétaux.

Nous devons peut être mieux encore travaillé pour éviter les décalages parfois trop sensibles entre les aspirations citoyennes et le biotope culturel.

De nouvelles démarches créatives, de nouvelles méthodes sont déjà en cours pour repenser les politiques culturelles. Il ne faut rien fétichiser, rien dogmatisé car dans ce cas les démarches participatives, les principes de co-constructions ne sont que des faire-valoir et peuvent même dans des visions populistes instrumentaliser le rôle des publics.

Tout est à inventer, tout est possible, tout le monde est légitime à proposer. Déjà ici et là des nouvelles formes de projets apparaissent, nous avons voulu leur donner un maximum d’audience pendant ces assises.

Il nous faut nous extraire de la gestion pour retrouver du projet car quand le projet disparaît il n’y a plus que l’épreuve du quotidien.

Nos assises ont aussi pour but de redonner du sens aux plus découragés d’entre nous, aux plus isolés, à ceux qui voient chaque année se restreindre les budgets et les marges de manœuvre et qui souvent cherchent le sens de leurs actions.

Le moment est maintenant venu de penser ensemble et de défendre d’une même voix les dynamiques vertueuses qui – nous le savons – seront les garantes de l’humanité des sociétés de demain.

Il nous faut dire ici la nécessité, l’obligation, l’urgence même à ce que les responsables et les futurs responsables de nos territoires, de notre pays, de l’Europe considèrent les politiques culturelles comme un enjeu majeur de projet de société.

La culture porte en elle toutes les composantes d’une société démocratique, ouverte, libre.

Elle porte intrinsèquement les contenus, contenants, méthodes de représentation, formes du débat garantissant la vitalité d’une société dont les principes d’altérités peuvent devenir le meilleur rempart à toutes formes de violence.

Nous devons redonner du sens profond, c’est-à-dire du sens politique, à un projet de société. La culture participe de la mise en œuvre de l’ensemble des droits fondamentaux des citoyens.

*

Nous avons donc souhaité pendant ces assises réfléchir à cette liaison entre culture et citoyenneté :

– dans un temps ou l’essentiel s’efface devant les particularismes, où l’altérité fait face à la brutalité,

– dans un contexte où les outils numériques donnent accès à un nombre quasi infini d’œuvres, et en même temps diffusent une offre culturelle standardisée.

– dans un contexte où la question de la représentativité est en crise,

– dans un contexte de mutation territorial  redessinant de nouveaux équilibres et parfois des nouvelles inégalités entre les collectivités et leurs habitants

– dans un temps où la dépense culturelle apparait de moins en moins légitime.

La dernière note de conjoncture réalisée par l’OPC pour le compte du MCC révèle que pour la période 2015- 2016, les budgets de la culture sont en baisse dans 59% des CT . Et que seulement 3% d’entre elles envisagent d’augmenter le budget culturel dans les années à venir.

Nous devons construire avec les élus une vision stratégique en définissant des pistes souhaitables dans un présent incertain qui nous rappelle que la démocratie est vulnérable.

Cette vision stratégique repose sur le produit de l’imagination, la combinaison des valeurs démocratiques et républicaines, sur la transversalité des politiques publiques, sur la capacité à mobiliser les habitants.

Cette vision stratégique doit s’exprimer aussi dans ce temps nouveau où, la culture, comprise comme une compétence partagée, appelle à retrouver un élan collectif dans le cadre d’une coopération territoriale plus forte, plus solidaire.

Un nouveau maillage réparateur des inégalités et disparités culturelles doit naître avec une meilleure prise en compte des nouvelles formes de gouvernance en capacité de réaliser face aux inerties institutionnelles.

Des nouvelles formes de gouvernances rivalisent d’ingéniosité face à des inerties institutionnelles.

Dans les projets d’Economie Sociale et Solidaire, la place de la culture est forte, elle est en même souvent le levier originel.

Dans les projets éducatifs aujourd’hui, de l’école maternelle au Lycée, la part des arts et de la culture ne sont plus à démontrer comme facteur de réussite. Les bonnes pratiques sont nombreuses mais non généralisées.

Dans l’espace public, au sein des projets d’actions culturelles des établissements artistiques se jouent des nouvelles formes de partage de la culture et de participation démocratique.

*

« Culture et citoyenneté » pose nécessairement les bases d’une réflexion et d’un engagement politique.

Nous avons peut-être été trop tentés de prouver l’efficacité de la culture dans son rapport à l’économie. Nous avons voulu prouver l’apport et le poids économique de la culture dans le développement de nos territoires. Nous avons peut être parfois participé au développement d’une économie culturelle effaçant la question sociétale. Nous avons oubliés peut-être de rappeler d’abord que le fait culturel est un fait politique, nous avons peut- être quelque peu galvaudés les mots bénéfices, valeurs, investissements ; comme nous le fait souvent remarquer Patrick Viveret avec qui nous allons débuter nos débats.

 

Alors à ce stade des assises vous accepterez que préexistent plus de questions que de réponses :

Nous souhaitons mesurer quelles évolutions et quels liens existent entre démocratisation culturelle, démocratie culturelle et citoyenneté culturelle ?

Quels seraient les ressorts du rapport entre culture et citoyenneté ? :

– Est-ce la possibilité d’un ressourcement de la citoyenneté civile et politique et donc la fin de la crise de la représentativité ?

– Est-ce une fabrique de la démocratie autour de valeurs communes ?

– Est-ce un repositionnement de la culture dans le plan du développement humain ?

Et donc :

– l’émancipation des individus ?

– une culture fondée sur l’altérité, l’interaction des diversités culturelles dépassant le concept d’identité?

– le nécessaire refus des inégalités femme / homme ?

– une nouvelle organisation des gouvernances et représentations culturelles ?

-une volonté de dépasser la culture dominante mainstream  par une expression plus personnelle ?

– une conception de la culture comme vecteur de lien social ?

– des nouveaux modes de transmission culturelle ?

Peut-on imaginer une véritable citoyenneté sans la capacité offerte à tous de créer du symbolique ?

En quoi l’interculturalité participe à la vitalité d’une société ?

En quoi le rapport entre culture et citoyenneté réinterroge l’espace public, l’expression artistique, les institutions culturelles ?

Comment redire l’importance d’une Europe culturelle en capacité de redonner le sens et l’envie d’être citoyen européen ?

Comment la prise en compte d’une égalité culturelle entre citoyens oblige à penser des nouvelles coopérations territoriales entre centre et périphérie, métropoles et territoires ruraux ?

Dans cette perspective l’environnement numérique accroit-il réellement l’expérience participative ?

Quelles évolutions cela suppose en termes de formation des acteurs culturels ?

Voilà quelques questions auxquelles d’autres s’ajouteront durant ces deux journées et qui viendront jalonner et nourrir les débats.

 

Je remercie, l’ensemble des intervenants et des animateurs qui vous aideront à partager vos savoirs et à dynamiser vos savoir-faire. Je vous remercie enfin toutes et tous pour vos implications et vos engagements durant ces deux journées.

Je vous souhaite de bons et de joyeux travaux.

 

***

Frédéric LAFOND

Président de la FNADAC

9 mars 2017 – Strasbourg

Discours conclusif

DISCOURS CONCLUSIF AUX 4e ASSISES NATIONALES DES DAC 9 et 10 Mars 2017 – STRASBOURG
Frédéric LAFOND – Président de la FNADAC

Monsieur le Maire de la Ville Strasbourg,
Monsieur le 1er adjoint de la Ville de Strasbourg en charge de la culture et du patrimoine, Monsieur le Président de la Région Grand Est, et Président de l’Assemblée des Régions de France Monsieur le président de la commission culture de la Région Grand Est et président de l’Agence culturelle d’Alsace,
Monsieur le président du conseil départemental du Bas Rhin
Madame la Directrice régionale des Affaires culturelles, représentante de Mme la Ministre de la culture et de la communication,
Mesdames, Messieurs les représentants du Ministère de la Culture et de la communication, Mesdames, Messieurs les élus,
Mesdames, Messieurs les représentants des réseaux de professionnels des collectivités Mesdames, Messieurs les représentants des réseaux professionnels du monde des arts et de la culture,
Mesdames, Messieurs, les Directrices et Directeurs des affaires culturelles,
Chers tous,

Je tiens à remercier tous les intervenants et animateurs qui ont su partager leurs recherches, questionnements, solutions et qui nous ont permis des échanges fructueux durant deux journées denses.

Mes remerciements chaleureux à l’Observatoire des Politiques Culturelles, merci à Jean Pierre Saez et ses équipes, je ne peux citer toute l’équipe mais je salue le travail de Baptiste Fuch et à travers lui tous les membres de l’OPC qui ont œuvré à la réussite de nos assises,

Mes remerciements tout aussi chaleureux à l’Agence Culturelle d’Alsace, merci à Francis Gélin, là encore impossible de citer toute l’équipe mais je salue et remercie le travail important quotidien de Christine Bopp.

Des jours et des nuits de travail, une amitié professionnelle est née de notre travail.
Merci à notre chargée de mission, Coralie Pelletier et au Comité de pilotage de la FNADAC.

Merci à la Ville de Strasbourg et à la Région Grand Est de nous avoir si bien accueilli dans les meilleures conditions culturelles possibles ici à la cité de la musique et de la danse, à la médiathèque Malraux, à l’espace numérique du Shadok, au musée d’art moderne et contemporain et à l’hôtel de Région.

Nous avions voulu des assises nationales encrées dans un territoire : Strasbourg une métropole, et une Grande Région d’Europe. Mais surtout dans un territoire de coopération culturelle, d’investissement culturel, durable.

Merci au nom de tous les participants pour votre accueil.
Mes remerciements à tous les intervenants et participants: des journées comme celle-ci

fonctionnent si et seulement si, les participants participent, pleinement, généreusement.

*
Nous avions voulu des assises de la relation, de la bienveillance, de l’encouragement, des

possibles.
Nous avions voulu des assises porteuses de sens, d’expériences et de découvertes, Nous avions voulu des assises productives.
Nous avons quelques raisons d’être heureux. J’ai bien dit « heureux ».

Car ce qui caractérise la culture c’est la nécessité d’inventer, d’innover, d’imaginer des manières de faire, de modifier des hiérarchies, de transgresser, de s’engager, d’expérimenter des formes de libertés.

Notre temps évoque plus facilement le nihilisme, la violence, les bouleversements de la mondialisation ; plus enclin à définir des ennemis que des partenaires.
Notre temps nous parle plus des murs que des passerelles.

A vous entendre durant deux jours il me paraît évident que chacun agit de manière résolue pour un projet de société globale.

Pour mettre en œuvre ce projet de société, ce projet d’une citoyenneté culturelle fondé sur l’altérité et la réciprocité, il faut des cadres, des institutions, des espaces, des services publics et des élus qui rendent possible de manière concrète la mise en place d’expériences, l’accumulation des richesses… humaines, la coopération, la prise de risque…

Or rien, non rien dans une telle démarche n’est évident.

Là où il y a culture il y a démocratie. Là où la démocratie est remise en cause il n’y a pas culture. Là où la culture est négligée, il ne peut y avoir débat, échange, tolérance. Nous devons travailler à ce qui unit et libère.

Nous avons besoin à la fois d’unité – de commun – comme nous avons besoin de liberté.

C’est-à-dire que la démocratie est assignée à faire de l’éducation et de la culture sa priorité.

Mesdames, Messieurs, qui prétendaient prendre en main le destin de notre pays, nous vous le demandons :

Parlez-nous ! Dîtes-nous ! Partagez votre pensée sur la place et le rôle de l’éducation et de la culture pour notre société demain ! Interpellez-nous sur le projet européen et cette nécessité de refaire culture commune autour des enjeux de l’Union Européenne. D’une citoyenneté culturelle qui fasse renaître le projet européen.

Il y a une urgence à nous parler de l’essentiel !

La citoyenneté culturelle est une relation d’égal à égal entre citoyen. Elle rassemble et dépasse l’ensemble des droits civils, sociaux.

Nous avons besoin de nous redécouvrir semblable et de trouver les forces de nous affirmer différents.

Nous devons faire flèche de tout bois, pour que les politiques culturelles, et surtout notre manière de les mettre en œuvre, opèrent un lien entre ce qui est loin et qui parfois ne dépend pas de nous, ce que l’on a appris des autres, ce que l’on est, ce que l’on aime, et ce que l’on veut.

Un nouveau rapport de confiance et de bienveillance doit être restauré, nous en sommes l’un des maillons si nous portons une pensée inventive aussi bien sur le fond que sur la forme d’un service public de la culture.

Responsables des affaires culturelles, là où nous agissons, nous le faisons contre l’arbitraire et la routine, pour la défense et la valorisation de l’altérité, des diversités, des métissages, des connexions.

Pour ce faire, nous devons défendre les principes d’une éducation culturelle et artistique la plus large et la plus durable possible.

Bien sûr, nos institutions, nos associations, nos services publics, nos interlocuteurs et nous-mêmes même, ne sommes pas parfaits. Nous devons dire ce qui marche mal, mais aussi ce qui réussit.

Responsables des affaires culturelles, nous devons résister à une double attraction :

– La première est celle de répondre à une injonction qui est faite à la culture de produire des biens directement valorisables, utilitaires, fonctionnels.

– La seconde est de confisquer le projet culturel dans nos mains de techniciens.

Les temps actuels nous entraînent vers ces deux écueils : un réalisme gestionnaire nourri par un contexte déculpabilisé sur l’absence de projet culturel ; un idéalisme revendiquant la défense de la culture séparée des tensions de notre société.

Mais je crois que nous essayons et que nous continuerons d’essayer. Il nous faudrait quelques coups de pouces :

– Un projet politique national qui mette en son cœur la culture comprise comme le fondement de notre démocratie, comme le fondement des rapports égaux entre les femmes et les hommes.

– Nous avons besoin d’une vision stratégique. Nous avons besoin de bâtir des scénarii qui favorise les entrées en culture de nos concitoyens, mais aussi qui offrent des capacités d’émancipation, de créativité, de discernement.
Le processus de mobilisation compte autant que le résultat.

– Nous avons besoin du temps, de moyens durables, pérennes, mieux répartis sur nos territoires. Nous avons besoins d’une véritable coopération culturelle territoriale qui répare les disparités.

Nous avons la chance d’être dans un temps de reconstruction de nos territoires physiques et symboliques.

Nous devons comprendre qu’il est insuffisant de donner des droits, il faut les rendre concrets, palpables :

– il faut redonner du sens à la citoyenneté territoriale en repensant le partage du pouvoir. – il nous faut donner à voir, à entendre une nation plurielle

– il nous faut changer nos modes de formation : à quoi bon comprendre les outils si nous ne savons pas intégrer dans nos pratiques l’autre en dignité.

– il nous faut mieux intégrer la dimension culturelle des langues, du multilinguisme.

– il nous faut accroître les politiques d’action culturelle qui doivent être comprises comme des actions de médiation, de représentation et de participation.

– il nous faut renommer les lieux et multiplier les temps de l’expression citoyenne

– Nous avons besoin d’un projet économique qui favorise l’expression de la solidarité, qui favorise un entreprenariat culturelle reposant sur des logiques d’échanges sans domination

« Ne vous contentez pas de dire. Faites quelque chose. », nous dit le philosophe Jean Luc Nancy, (in Jean Luc Nancy, Que faire ?, 2017)

Nous sommes tous responsables des choix que nous faisons.

Depuis quelque temps, je garde auprès de moi un témoignage fort que j’aimerai vous lire. Nous sommes dans un pays en guerre, dans une ville en ruine :

« Les bombardements ont repris dans la soirée de samedi à Alep, et tout le monde est retourné dans les abris. La peur et l’horreur reviennent mais on a bien profité des quatre jours de trêve. Avec un groupe de jeunes animateurs civils, on a eu l’idée de mobiliser les enfants de notre rue pour embellir notre environnement lugubre. On s’est tous mis à faire des dessins et des peintures au bas des murs restants des immeubles détruits. On a récupéré au fond d’une cave de l’école où j’enseignais des pots de peinture. Puis on a complété le matériel chez un droguiste du souk qui nous

a offerts des pots. Les enfants du quartier étaient une vingtaine, de 5 à 15 ans, garçons et filles, à prendre chacun un pinceau et une couleur. Certains ont réussi à dessiner des arbres, des visages et des maisons tandis que les plus petits complétaient par de beaux gribouillages aux couleurs éclatantes. Puis un groupe d’enfants s’est lancé sur la carcasse calcinée d’un vieil autobus qu’ils ont peinte. Ils en ont fait un vrai décor puis sont montés jouer et chanter sur le bus. On a passé ensemble plusieurs jours à ce que l’on a appelé « l’atelier de décoration des ruines d’Alep ». Les enfants ont adoré. Les plus grands aussi. » – Rasha, 22 ans, institutrice bénévole à Alep (source Libération, mars 2017)

Oui, il faut faire quelque chose.

Le même Jean Luc Nancy, nous propose ceci :

« Il faut prendre le temps dans le temps qui presse. Il faut se baigner dans le fleuve qui n’est jamais le même, mais en se baignant il faut éprouver le remuement des fonds et le bougé des rives, la force du courant. Et tâcher de garder à l’esprit la mer où ça se jette au loin. »
Alors chers tous, nous avons navigué ensemble durant deux jours. Continuons, allons voir plus loin.

Osons partager le gouvernail de la culture (élus, DAC, acteurs culturels, habitants)
Retrouvons nous lors des prochaines assises vers des terres plus maritimes certainement en

Bretagne en 2019.

Je vous souhaite d’ici là de persévérer et de garder votre enthousiasme.
Merci à toutes et tous de votre implication et de votre coopération durant ces assises.

Frédéric LAFOND Président de la FNADAC 10 mars 2017 – Strasbourg

Strasbourg a accueilli en mars 2017 les 4èmes assises de la FNADAC. Les documents préparatoires à cette rencontre nationale mis en partage sont rangés dans ce dossier :